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Une journée parfaite.

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Une journée parfaite. Empty Une journée parfaite.

Message par Margarethe d'Alun Mar 30 Mai - 11:31

L’air était encore tiède et agréable malgré l’heure avancée, le vent du soir emportait avec lui la douceur salée de la Grande Mer, et Margarethe évoluait avec grâce dans sa robe de braise-soie. Elle l‘avait sortie du coffre, l’avait posée sur elle dans l’après midi, sans la mettre, dans un essayage effleuré et purement visuel et s’était décidée rapidement. En la choisissant elle n’avait nullement songé à tout ce que cette robe représentait. Le fait qu’il la lui avait offerte, ce qui s’était passé contre un arbre ce jour là, ce qu’elle drainait de folie  et donc de nostalgie. Non, elle avait choisi cette robe parce qu’elle se voulait séduisante, et que la robe en soie mettrait en valeur sa chevelure rousse. C’était un choix instinctif, de plaisir.

Aussi déambulait-elle au milieu des invités avec le sourire, une coupe de vin blanc à la main, talonnée de près par ce jeune homme qui ne la quittait plus, bien qu’elle ne fasse rien pour le solliciter, ou si peu. Elle le laissait l’accompagner, car après tout, cela n’avait rien de très agréable que de devoir déambuler seule dans une foule d’inconnus. Sans y voir de malice, elle lui avait même proposé d’aller féliciter le couple de mariés ensemble. Lui les connaissait, elle non, au moins pourrait-elle leur dire combien elle les trouvait charmants.

Avant que le couple de mariés ne s’élance au milieu des invités près de la fontaine derrière le kiosque, Margarethe se sentait bien, tout simplement. Elle désirait seulement vivre, ou plutôt revivre, être à nouveau sereine au milieu du monde, après tous ces moments de solitude qu'elle souhaitait laisser au passé.

Il y avait beaucoup de monde autour des mariés qui semblaient tous deux connus et appréciés de la population hurleventoise. La fête était bon enfant, sans débordements qui l’auraient l'obligée à quitter son statut de spectatrice pour se mettre au service de la population, les rires et les conversations la distrayaient, son cavalier d'un soir savait être agréable. Tout allait donc pour le mieux.

Mais, lorsque la musique se fit entendre, attirant le flot des invités près de la fontaine, sa belle humeur vacilla et le masque commença à se fendiller. Car au moment précis où elle les vit s’enlacer, le flot de souvenirs qu’elle contenait depuis lors l’assaillit et la piqua intimement tandis qu’elle les observait.

Ce couple vivait un parfait moment d’harmonie, et cela se voyait. C’était leur journée, une journée parfaite.

En un éclair elle fut transportée trois ans en arrière, bien malgré elle. Elle aussi avait eu ce  genre de moment, résultat d'autres moments aussi beaux que doux, sensés en annoncer d'autres, innombrables et passionnés. Une journée parfaite, rien que pour elle.

…..

Tandis que sous les lustres ornementés de fleurs roses et blanches, l’orchestre entamait une musique maintes fois écoutée, “leur” chanson, celle qui parlait en rythme doux d’éternité et d’amour fou, il l’avait prise par la main, avec ce sourire mutin qu’elle adorait, celui qui trahissait son désir de la prendre pour éprouver ensemble combien ils étaient vivants, il l’avait attirée à lui, dans un mouvement souple qui trahissait leur complicité sensuelle, l’avait serrée tout contre lui, les yeux dans les yeux, et rien ni personne n’aurait pu se glisser entre eux deux, les deux moitiés d’une âme à jamais réunies. Ils ne faisaient plus qu’un, complémentaires et soudés, et le temps s’était arrêté, trois minutes trente de bonheur tendre et fou, leur vie, une éternité.

Cette journée de printemps 34 devait être une journée parfaite, de celle dont rêvent en secret toutes les jeunes femmes, qu'elles soient belles ou laides, pauvres ou riches, une journée qui les rendrait, le temps de la fête, la plus belle et la plus riche, toute d'amour vêtue pour ses fiançailles, ou son mariage.

Et la journée fut bel et bien parfaite, condensé public d'une vie tendre et folle. Même si ses fiançailles n’avaient pas abouti au mariage, ou peut-être justement,  parce que le mariage annoncé ce jour là pour la fin d’année n’avait jamais eu lieu…


…..


C’était bien pour cela que ce souvenir la piquait au cœur, tandis que le couple de mariés virevoltait sur les pavés de la cité hurleventoise.

Elle, ravissante dans sa robe aux couleurs d’été, apprêtée et charmante de classe naturelle, éclatante de joie et de sourires, sûre d’elle au milieu de cette  foule qu’elle appelait de son petit nom. Lui, les cheveux indociles, peut-être à l’image de son être intime, un peu en retrait, amoureux et touchant de maladresse, empêtré dans un curieux costume à passementerie ouvragée de style pandaren. Tous les deux réunis en cette soirée parfaite formaient un charmant couple qui faisait pourtant plaisir à voir.

Aussi, la fin de soirée n’avait-elle pas eu la même saveur que son commencement. Alors qu’elle avait promis une danse à son cavalier inexpérimenté, Margarethe s’était dérobée, prétextant ne pas pouvoir danser pendant la première danse, réservée aux mariés, puis refusant de danser la seconde, la foule s’étant clairsemée.

Puis elle avait accepté d’aller se promener un peu plus loin, de prendre l’air au port,  mais la tête lui tournait, elle se sentait fatiguée, sans véritable raison. Elle n’avait plus envie que d’une seule chose, se retirer dans son petit appartement, se taire, se cacher, enlever le masque, dormir et oublier.
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Message par Margarethe d'Alun Jeu 1 Juin - 10:08

Depuis des mois Ameline d’Alun, née de Malvorel, virevoltait pour préparer les fiançailles de sa fille unique, et nul ne pouvait ignorer combien elle s’en réjouissait, même si le fiancé n’offrait guère tout ce que l’on pouvait espérer d’un futur époux de la noble société d’Azeroth.

D'ailleurs, lorsque Margarethe avait sollicité une entrevue pour celui qu'elle aimait en secret depuis plus d'un an, son père, Syras d’Alun, avait tout d’abord refusé. Net.

- “Un roturier, de près de dix ans votre cadet et simple artisan qui plus est  ! Margarethe, comment voulez vous que j’accède à cette demande ! Vous m’en demandez beaucoup trop ! Patientez donc encore un peu, je suis bien certain que vous trouverez l’homme idéal parmi vos pairs".

Mais elle avait été intraitable. C’était lui, et pas un autre, c’était l’homme de sa vie, il n’y en aurait jamais d’autre, elle le savait, elle le ressentait du fond de son coeur et de tout son être, jamais elle n’aimerait avec autant d’intensité, avec autant de vérité intime, de folie et de joie. Jamais. S’il refusait, elle romprait avec eux,  ses parents adorés, ils ne la reverraient plus,  et jamais plus ils n’entendraient parler d’elle.

- “Je vous en fais la promesse, Père, et vous savez combien je suis têtue et fidèle à mes engagements. Si vous me refusez ce mariage, je quitterais mon campement en arrière du front, je cesserais d’être médecin, je reprendrais mon épée et mon boucler de paladin remisés au râtelier, et je partirais pour le front, sabre au clair et le cœur en berne”.

Or, pour en être le père, tellement fier et fou de sa fille unique, Syras d’Alun savait pertinemment que Margarethe disait vrai. Elle risquait de disparaître à jamais. Et ni son épouse ni lui ne pourraient le supporter.

Le Général avait donc finalement plié, à contre-coeur tout d’abord, puis avec l’espoir, pas si fou que cela, qu’il faisait le bon choix. En fait, il avait appris à apprécier le trublion dont sa fille était amoureuse.

Car il s’y connaissait en hommes, le Général. Militaire de carrière, Syras d’Alun était dur, autoritaire, exigeant mais il savait aussi cerner l’âme. Et celle de Dustin était belle.

Le jeune homme était certes un roturier, mais il avait un un coeur d’or et il aimait sa fille à la folie, c’était une évidence. C’était un simple artisan, mais il avait un vrai potentiel et le désir d’évoluer, et Syras d’Alun pensait qu’il pourrait gérer le domaine familial quand en viendrait le temps. Il était plus jeune que Margarethe, mais lui même n’avait-il pas 15 ans de plus que Ameline, alors pourquoi devrait-il refuser à sa fille ce qu’il s’était lui-même permis. Dustin n’avait rien de ce qu’il avait espéré pour sa fille, il n'était ni chevalier, ni comte, ni baron, ni militaire, ni médecin, mais peut-être avait-il finalement bien plus à lui offrir.

La rencontre entre le Général et Dustin avait donc eu lieu, au domaine familial. Le jeune homme avait tenu à faire sa demande dans les règles, gants beurre frais et costume noir de belle facture, une barbe bien taillée afin de le vieillir un peu, un argumentaire préparé avec soin. Il était donc fin prêt, mais c'était sans compter avec l'imposante présence du Général. Car Dustin s'était lamentablement liquéfié sur place, mais peut-être était ce justement ce qui l'avait sauvé, d'après Margarethe.

- "Mes respects ... euh... mon Général".
Dustin se tenait droit, jambes légèrement écartées et mains derrière le dos, comme on le lui avait enseigné pendant ses classes.

- "Vous êtes l'un de mes subalternes ? Je ne me souviens pas vous avoir vu...".
Syras d'Alun, pourtant assis derrière son imposant bureau dans la bibliothèque, le toisait d'un air sévère, comme s'il était debout et Dustin posé comme un sac à terre. Sourcils broussailleux, visage fermé, rictus moqueur, il connaissait son rôle sur le bout des moustaches qu'il portait à la mode ancienne.

- "Oh ! Euh ! Non ! Non, non, non ! Je suis forgeron, je..."
Dustin, du haut de son mètre soixante douze, s'était redressé sur la pointe des pieds, tendu comme une corde à son arc, prêt à se propulser dans le candélabre qui trônait au plafond.

- "Certes, j'entends bien. Donc je ne suis pas... "votre" Général... ?".
Le père de Margarethe s'était légèrement penché vers l'avant, visage froncé.

- "Ah ! Oh ! Oui ! Pardon mon Géné... Pardon Général !"
Si Dustin avait été moins nerveux, il aurait pu voir la moustache poivre et sel frétiller de malice. Mais il ne savait déjà presque plus comment il s'appelait et pourquoi il était là. Face à cette montagne humaine d’assurance, il avait perdu toute capacité d'observation.

L'embarras du jeune homme amusait le militaire et même l’attendrissait. Derrière ce masque dur et froid qu'il avait appris à ne jamais quitter, il restait l'homme de cœur qui adorait sa fille et respectait sa femme. Malgré les convenances, il voulait le bonheur de Margarethe, et le jeune homme donnait tout l’air d’être celui qui le lui offrirait.

Le Général accepta donc finalement de donner sa fille en mariage au jeune forgeron et c’est autour d’un verre de champagne que, d’une bonne bourrade sur l’épaule de son futur gendre, Syras d’Alun, annonça à sa fille que le mariage devrait être précédé de fiançailles “dignes d’une reine” afin de faire entrer dans leur monde le jeune artisan et, d’une certaine façon, l’adouber avant le mariage.

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Message par Margarethe d'Alun Sam 3 Juin - 15:47

Enfin le grand jour arriva. C’était une journée parfaite, en ce dimanche de printemps 34.

Pour suivre la tradition et ne pas choquer ses parents, Margarethe avait passé les trois jours précédents au domaine de Malvorel en compagnie de sa mère et de sa tante Violine à faire le tour des fermes et des métayers, des échoppes et des commerçants, des chapelles et des officiants. Elle avait su, sans que cela soit d'ailleurs forcé, montrer et faire savoir combien la fille unique des maîtres du comté était heureuse de suivre le comportement attendu d’elle, celui d’une femme de la noblesse, plus toute jeune mais bien sous tous rapports, respectueuse des traditions et tout à fait à même, plus tard, de prendre la suite de ses parents vieillissants.

Et comme depuis la demande en mariage Dustin avait du, lui, suivre les volontés de son futur beau-père en suivant des cours d'équitation et d'escrime, sa présence régulière au domaine de Malvorel, même lorsque Margarethe n'avait pas de permission, lui avait permis de visiter le petit peuple du domaine et de s'en faire apprécier.

Aussi la tâche de Margarethe s'en trouva-t-elle facilitée. Et pendant ces trois jours, partout où elle était allée, il n'y avait eu que félicitations sur son futur mariage. C'était une union bénie des dieux, quand bien même tout séparait les fiancés.

En ce jour de printemps, pour Margarethe, il faisait donc beau, au dedans comme au dehors. Le grand manoir familial avait été décoré d’un voile rose carmin et blanc neige de fleurs qui embaumaient l’air jusqu’au village de Malvorel.

Margarethe n'avait quasiment pas dormi de la nuit. Non pas qu’elle n’aurait pas souhaité prendre du repos mais l’excitation était bien trop intense pour lui permettre de sombrer dans un sommeil réparateur.  Ce matin-là  c'est donc aussi tendue qu'une pile gobeline chargée à fond de Kaja-Cola, que Margarethe fit son apparition dans la salle de séjour du grand manoir familial.

Habillée d'une robe de soie rose carmin rehaussée de broderie blanche, elle était tout de même resplendissante. Heureuse, épanouie, follement amoureuse d'un jeune homme adorable, prête à croquer dans un grand rire la vie à venir.  C'était sa journée.

Retrouvailles, embrassades, cadeaux, buffet, tout fut parfait, jusqu'au point culminant de la soirée, cette danse, leur danse, une danse au vu de tous avant celle qu'ils attendaient tous deux, secrète et tout aussi intense, bien que purement sensuelle, l'accord intime des corps qui devait sceller à jamais leur union.

Ce fut véritablement une journée parfaite, une journée qui laissait présager un mariage grandiose de douce folie amoureuse.

Pourtant ...


*****************

"Je me dois de te dire la vérité Marge... je vais te quitter. J'arrête de faire le con, je le sens en moi, pour Nous deux, pour toi, pour moi, je dois te laisser continuer seule sur ton chemin...Je vais te faire du mal, encore plus que je n'en ai déjà fait... Je suis instable, je ne sais pas où je vais, je suis capable du meilleur comme du pire, et tu le sais parfaitement... Tu m'as suivi, écouté, aimé... depuis le début, tu me soutiens, tu t'adaptes, tu acceptes de repousser tes propres limites, tu as rompu avec ta famille sans hésiter... tu as misé sur moi, contre tous, contre vents et marées, tu as accepté de m'attendre, moi, sans rien m'imposer, sans rien me demander d'autre que de grandir à tes côtés... et pour cela tu le sais, tu resteras à jamais l'Amour de ma vie, unique et irremplaçable. Mais..."

Abasourdie Margarethe le laissait parler, il devait vider son sac, il n'était que temps, cela durait depuis trop longtemps, elle le savait sans oser se l'avouer, elle l'avait d'ailleurs toujours su, elle avait tout cassé, tout détruit, pour lui, mais elle le savait, un jour il voudrait la quitter.

Dustin ravalait ses larmes, il fonçait dans le mur pour sauver leur histoire, elle le savait, mais elle ne voulait pas l'admettre, la douleur était trop forte.

"Je ne suis pas d'accord Dustin, nous en avons connu des crises comme celle-ci, tu le sais... nous nous en sommes toujours sortis grandis, il n'y a pas de raison, pourquoi ne pas simplement dire que nous faisons une pause dans notre vie, le temps d'y voir clair, le temps de...".

Dans un sursaut de violence contenue, de celle qu'elle lui connaissait aux tous débuts de leur rencontre, il lui prit le bras et la serra, fort, à lui faire mal.

"Margarethe... je t'ai trompée". La phrase vibra comme une flèche et la frappa en plein cœur. Elle sursauta dans un gémissement incontrôlable.

Son regard la pénétrait, incandescent, destructeur, il la brûlait, dévastait tout son être intime, emportait son âme dans un fracas assourdissant, à des années lumières de là. Son regard, volontaire et fou, achevait de tuer leur rêve d'une vie à deux, l'union de leurs deux corps. Et il le savait. Il espérait simplement que cela ne tuerait pas leur Amour profond, ce rêve d'éternité qui les animait, l'union de leurs deux âmes, par delà le temps et l'espace, comme il en avait été depuis le début. Et il en faisait le pari, joueur à jamais. Elle le compris instantanément.

Il n'y avait plus rien à ajouter sur le moment. Il serait bien temps, plus tard, lorsque la douleur aurait fait place au deuil, de revenir sur le passé et tenter de créer ensemble une autre histoire, faite de paroles attentives et d'amour bienveillant. Mais plus tard... Bien plus tard... car pour l'heure il n'y avait plus rien à dire.

"Bien. Je ne te retiens pas".

Et cette journée fut elle aussi parfaite, dans toute son horreur.
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